Les 42 familles du Canton de Wexford, Kilkenny et Abercrombie en 1868

 

Basile Gobeil, Louis Maillé, Joseph Therrien, Th. Guénette, Louis Labelle, Charles Meilleur,

Th. Beauchamps, Pierre Coursol, Octave Coursol, Joseph Forget, Al. St-Germain, Joseph Laroche, Pierre Régimbald, J. Blais, J. Régimbald, Joseph St-Pierre, Joseph Fournel, Joseph Juteau, Pierre Villeneuve, Jean-Baptiste Beauchamps, Joseph Sylvain, Félix Juteau, Jean-Baptiste Juteau, Charles Gingras, Moïse Dagenais, Joseph Dagenais, L. Desormeaux, N. Nadon, M. Viger ,Jean-Baptiste Latour, John Melone, Charles Melone, Joseph Montigny, Isaï Montigny, Nor. Fournel, François Charon, Paul Filion, Th. Nadon, Joseph Aubin, Al. Clément, Charles Clément, Jean-Baptiste Sigouin.

 

La famille Lauzon fait les foins sur la ferme Peycroft au lac Abyme en 1926. Sur le voyage de foin, de g. à d. : Roland (10 ans), Gabrielle (8 ans), Vianney (6 ans) et Paul-Émile (12 ans). Thérèse (4 ans) et Bernadette (2 ans) sont couchées dans le foin. Cécile naîtra en 1930. Au premier plan, leurs parents, Albert Lauzon et Florence Morin, fille de Louis-Auguste Morin.

 

Dès 1720, des familles entières venues des vieilles paroisses surpeuplées de la vallée du Saint-Laurent s’installent dans les Basses-Laurentides. Mais la région ne réussit pas à retenir ces habitants qui décident de tenter leur chance aux États-Unis ou dans les grands centres. L’époque suivante (1840 à 1920) est celle de la colonisation, prônée par le célèbre curé Labelle, afin d’assurer la survie de la « race » et de contrer l’exode rural ou l’exil vers les États-Unis. Le sol du Nord est constitué de terres de roches qui peuvent à peine tolérer une agriculture de subsistance. Les temps sont durs, les colons sont pauvres, les déplacements se font à pied, à cheval, en calèche ou en traîneau. Les chemins passent dans les bois et les montagnes et ils sont bien difficiles :

« Ils ne permettent pas de remplir nos devoirs religieux et exposent nos malades à mourir sans le secours de la religion et nos enfants à mourir sans baptême », disent les colons qui réclament une chapelle près de chez eux.

 

La première église de Saint-Hippolyte, le presbytère et la salle paroissiale, 1877-1933 photo : Société d’histoire de la Rivière-du-Nord

L’établissement d’une mission

En 1855, le village de Saint-Hippolyte porte le nom d’Abercrombie, en souvenir d’un général anglais, James Abercromby, qui fut battu par Montcalm, à Carillon, en 1758. Il regroupe les cantons Abercrombie, Wexford et Kilkenny. Les colons doivent fréquenter l’église de Saint-Jérôme, de Saint-Calixte, de Saint- Sauveur ou de Sainte-Adèle selon l’endroit où ils demeurent. En 1864, Mgr Ignace Bourget établit une mission pour la quarantaine de familles qui vivent dans ces cantons. Il la dédie à Saint-Hippolyte, martyrisé pour avoir refusé de renier sa foi chrétienne devant Valérien, empereur romain. On le fête le 13 août. L’évêque autorise ainsi la construction d’une chapelle qui sera desservie par le curé de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Deux ans plus tard, après de nombreuses querelles au sujet de son emplacement, une chapelle est érigée au cœur même du village, sur la pointe du lac Abyme, appelé aujourd’hui lac Morency. On attribue la fondation du village à M. Louis- Auguste Morin, ancien capitaine de milice qui avait participé au soulèvement des Patriotes en 1837 et qui, pour échapper aux représailles, s’était enfui dans les bois au lac du Pin rouge.

Établi dans le premier rang d’Abercrombie, M. Morin, ancêtre de la famille de Vianney Lauzon de par sa fille Florence, offre un terrain de quinze arpents pour la construction de la chapelle, de la sacristie et du presbytère. Il s’engage également à entretenir convenablement le prêtre qui y serait envoyé. La chapelle accueille les paroissiens en décembre 1866 et les curés Mirault et Casaubon y célèbrent la messe jusqu’à la nomination du premier prêtre résident, le curé François-Xavier Laberge.

« Si notre village était une petite planète où se côtoient règnes minéral, végétal et animal…Une petite planète douée de miracle de la vie, dansant au rythme des musiques du monde. Une petite planète au coeur d’une galaxie articulée sur l’amour d’un Dieu qui se donne sous un clocher pour le bonheur et la joie de ses enfants » Réné Gagnon, curé

La fondation d’une paroisse

En 1869, Mgr Bourget signe le décret d’érection canonique de la Paroisse de Saint-Hippolyte, nommée ainsi en l’honneur du chanoine Hippolyte Moreau, qui avait été désigné par l’évêque pour choisir l’emplacement de la chapelle. Le 11 février de l’année suivante, la paroisse obtient son statut civil sous le nom de Municipalité de la paroisse de Saint-Hippolyte.

La chapelle se dote d’un Chemin de la Croix en 1870 et l’année suivante, d’une cloche pesant 250 livres. Elle ne répond bientôt plus aux besoins des paroissiens et on la remplace par une église qui ouvre ses portes en décembre 1877. À l’intérieur, on y trouve un vieux poêle, une horloge, des autels, des bancs, les stations du Chemin de la Croix et un orgue à vent. Durant tout le temps de la messe, le bedeau (ou deux enfants de chœur) devait actionner un manche de bois afin que le soufflet envoie de l’air dans les tuyaux de l’orgue. De cette façon l’organiste pouvait en tirer sons et mélodies. Avec la construction du presbytère cinq ans plus tard, Saint-Hippolyte devient une vraie paroisse rurale !

 Les habitants de la paroisse

La nouvelle paroisse attire de nombreux colons et la population augmente rapidement. Le recensement de 1901 révèle qu’elle se compose alors de 176 familles qui représentent 961 habitants dont la très grande majorité sont francophones et catholiques. Plus de 65 % d’entre elles vivent de l’agriculture sur de petites fermes dispersées sur un immense territoire. La forge est essentielle à cette époque pour qui possèdent des chevaux, principaux moyens de locomotion. Elle appartient d’abord à M. France Durocher, puis à M. Joseph Dagenais et finalement, à M. Fernand Dagenais. Les Chartrand se souviennent qu’elle était encore en opération à la fin des années quarante. Les colons font appel au forgeron pour ferrer leurs chevaux, réparer les attelages, les traîneaux ou les carrioles. La forge, c’est aussi un lieu pour s’échanger des nouvelles. Les familles qui ne pratiquent pas l’agriculture offrent des services à la population. Les chefs de famille sont hommes à tout faire, menuisiers, charpentiers ou bûcherons. Ils peuvent gagner jusqu’à 75 $ par année. Les femmes peuvent travailler comme cuisinières, ménagères ou servantes et gagner entre 25 et 100 $ par année. Au début du siècle, le seul fait de posséder un emploi salarié dans la région des Laurentides était considéré comme une grande chance. Le bonheur était de devenir un employé de la Rolland. Les quelques jeunes filles qui travaillent dans les fabriques de la région pouvaient recevoir jusqu’à 150 $ par an. Deux villageois déclarent exploiter des commerces, l’un un magasin général et l’autre, un hôtel. M. Benjamin Gohier tenait le magasin général. L’hôtel, tenu par M. Beauchamp, était situé à l’emplacement où se trouve aujourd’hui le Bonichoix. C’était le temps où la bière se vendait à 5 cents le verre !

La forge du village, lieu de rendez-vous des cultivateurs. M. Joseph Dagenais l’avait achetée de M. France Durocher. En 1947, le deuxième bureau de poste sera construit sur le site de la vieille forge. photo : Société d’histoire de la Rivière-du-Nord

C’est une époque de progrès mais aussi de grands bouleversements avec la Guerre de 1914-1918, la Crise économique de 1929 et la Deuxième Guerre mondiale. Les Basses- Laurentides souffrent encore d’une forte émigration vers les États-Unis, mais aussi vers Montréal où l’industrialisation et l’urbanisation s’accélèrent. L’arrivée du train et le développement du secteur manufacturier (la pulperie Delisle, la compagnie de papier Rolland, la Dominion Rubber, la Regent Knitting), le téléphone et l’électricité, la modernisation de l’agriculture, l’industrie du bois de sciage dans les Pays-d’en-Haut et la naissance de l’industrie touristique vont transformer les modes de vie et reléguer l’agriculture à un rôle secondaire.

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